POÈME DE CIRCONSTANCE

Même les morts reçoivent des lettres
Naufrage du sol au profit gazeux du ciel
Lumineuse comme un champ d’œillets
La question qui se pose c’est quand finira la partie

Le constat peut se changer en confession

Grand sans-abri Bakounine aimait les huitres
Téléobjectivité des appareils de prise de vue
Quelle est la nature de l’excès de réel
Numéros qui ne répondent plus

Destinataires inconnus à cette adresse
Organes des fleurs melons tranchés
Le refus de tout poème cyclique (tu les as en horreur)

accélération de tout en ce siècle impitoyable

fruit du caractère binoculaire de la vision
l’instant aussi inhabitable que son futur
chasse aux civils (nouvelle battue)
les agro carburants à base céréalière

croissance de la faim comme de la peur

ceci est une proposition crie l’oiseau
dans la tempête un patois au féminin
quelque chose à la Huillet sans le vieux Straub

morceau de galette ou petit pot de miel

l’aiguille plantée dans le gant chaste de Lucrèce
une minute blanche sous un cerveau provisoire
ce kilo d’hormones au fond du sac plastic
délicat goûter pour les chacals et les singes

pitié pour nous qui vivons aux limites
détritus d’un centre ou périmètre d’hopital
« Manifeste » a toujours fonction génétique
retourne donc à ton porridge (tu t’en mordras les doigts)

perceptions latérales le meurtre a ses fonctions